Bouillon

LA CITé DE GODEFROid, fils d'ide d'Ardenne, ET SON CHÂTEAU en bordure de semois

Le château-fort, sur les traces de Godefroid

Le puissant château visible aujourd’hui n’est pas la première fortification édifiée à Bouillon.

Au bord d’un éperon rocheux dominant la ville, le site de la « Ramonette », accessible par une promenade balisée et portant le n° 10 vous emmène à l’endroit où une tour à base hexagonale se dressait déjà en 1044 sous le duc Gozelon, seigneur de Lotharingie.

Quant au site du château que Godefroy (ou Godefroid) mit en gage à l’évêque Otbert de Liège pour financer sa croisade, il se trouve en contrebas. Et encore à ses pieds, la ville enserrée dans une enceinte dont il reste quelques vestiges derrière la Maison du Prévôt, rue des écoles.

Le prince-évêque de Liège donne le château en fief à la famille de la Marck, seigneurs ardennais puissants que l’on retrouve à Sedan, à Durbuy ou à Logne. L’empereur Charles Quint l’assiège en 1521 et le démantèle pour déloger ces adversaires remuants et le rendre à l’évêque. Il est rebâti et agrandi au 16ème siècle par le prince-évêque Georges d’Autriche.


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De la tour reconstruite, vous profiterez d’un panorama exceptionnel sur le système défensif, la ville et les méandres de la Semois. Vauban, ingénieur militaire de Louis XIV, creuse une poudrière dans la roche, renforce les remparts et l’enceinte urbaine dès 1677. A voir de cette époque française, les bastions de défense du Dauphin, de Bretagne et de Bourgogne, ainsi que l’arsenal et la prodigieuse volée d’escaliers.

En 1815, sous la domination hollandaise, le château fort est converti en caserne et une partie des constructions médiévales : le donjon, le palais ducal et l’église seigneuriale est détruite. Ils édifieront un corps de garde et une plateforme à canons.

Ne manquez pas en août, la fameuse fête médiévale qui joue la carte de la reconstitution historique la plus authentique, ralliant près de 20 compagnies. Une exposition didactique sur l'Art de la Fauconnerie est présentée toute l'année et le spectacle de vol des Rapaces  se déroule du 1er mars au 11 novembre.

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Godefroy, Ardennais célébrissime (1058-1100)

Godefroy serait né vers 1058 à Boulogne. Son père Eustache II dit « aux longues moustaches » est comte de Boulogne et de Lens, et surtout un héros de la bataille d’Hastings. C’est un compagnon de Guillaume le conquérant. Sa mère est Ide d’Ardenne qui appartient à la prestigieuse maison d’Ardenne-Verdun.

Godefroy de Bouillon succède à son oncle Godefroy dit le « Bossu » qui lui avait prodigué sa formation de chevalier et qui meurt sans descendant. Il est reconnu duc de Basse Lotharingie par l’empereur Henri IV en 1087. Il règne donc sur un territoire comprenant le Brabant, le Hainaut, le Limbourg, le Namurois, le Luxembourg et une partie de la Flandre. Il élit domicile à Bouillon qu’il vendra au prince évêque de Liège pour financer la première « croisade » lancée par le pape Urbain II  en 1095. En effet, 20 ans plus tôt, le saint sépulcre de Jérusalem est occupé par les Seldjoukides musulmans. Il fallait permettre aux pèlerins de continuer d’accéder aux lieux saints du christianisme.

Godefroy part le 15 août 1096, à la tête d’une armée lotharingienne » et constituée de chevaliers mosans et mosellans. La prise de Jérusalem en 1099 ternit l’image de l’Occident, les chevaliers se livrant à une boucherie sur les populations juives et musulmanes. Godefroy de Bouillon déclinera le titre royal de Jérusalem mais accepte celui d’avoué du saint sépulcre. Il y mourra un an plus tard en 1100 et c’est son frère Baudouin qui portera le nom de premier roi de Jérusalem.

Un musée, un archéoscope

Au cœur de la ville, le musée ducal présente l’histoire du duché de Bouillon dans deux belles demeures bourgeoises des 17èmeet 18ème siècles. Ses riches collections témoignent des arts et des techniques du Moyen Äge au 20e siècle. Une section de ce musée est particulièrement consacrée aux croisades et aux états latins d’Orient. Une maquette reproduit l’aspect primitif du château de Bouillon et permet d’en comprendre l’évolution architecturale. 

L’industrie du fer particulièrement dynamique aux 19ème et 20ème siècles se découvre aussi à travers des centaines de pièces et un fameux maka, énorme marteau de forge. Le culte de saint Eloi, patron des métiers du fer, y est encore très vivant avec son cortège folklorique impressionnant et la bénédiction des pains bénits.

Au bord de la Semois, l’Archéoscope Godefroy de Bouillon est installé dans un ancien couvent de Sépulcrines, des religieuses chassées à la Révolution française. Là, un spectacle audiovisuel avec effets spéciaux, vous fait revivre le départ de la première croisade. Des salles d'exposition évoquent encore l’évolution des systèmes de défense, l'histoire de la région de la Semois, de la ville de Bouillon et du couvent.

Bouillon, d’artistes

Paisible cité de l'Ardenne, sur les rives de la Semois, Bouillon est célèbre pour son château fort et son célèbre croisé mais aussi pour ses hôtes réputés comme Casanova, Hugo, Zola ou encore Verlaine qui la visitait tous les ans avec ses parents. Le poète voyait la ville « en entonnoir » avec « la Semois noire, sur son lit de cailloux bavards, ses truites qualifiables vraiment de surnaturelles », Bouillon « taillé en plein granit parmi des bois sans fin ».

Née à Bouillon, une très grande comédienne qui connut la gloire puis l’oubli, Madeleine Ozeray va entraîner son amant sur les pas de son enfance. Ce compagnon n’est autre que le grand acteur et metteur en scène Louis Jouvet qui aimait écouter ses récits d’enfance au bord de la rivière. Une statue de Jean-Paul Couvert la représente tandis que sa superbe maison natale datant du 18e siècle subsiste toujours au milieu d’un parc qui possède aussi quelques arbres remarquables.

Le peintre de la Semois, Albert Raty, lui aussi d’origine bouillonnaise, a offert de nombreuses toiles au musée ducal qui conserve la plus importante collection de ses œuvres.

Bouillon, cité la plus libre d’Europe

Sedan et Bouillon sont des villes-sœurs liées par des personnages qui tissent leur histoire commune. Parmi eux, la famille de la Tour d’Auvergne représentée par Henri, vicomte de Turenne, duc de Bouillon et prince de Sedan.

Et puis il y a le duc Charles Godefroid de La Tour d'Auvergne qui accueille à Bouillon, état souverain, l’imprimeur toulousain Pierre Rousseau. Ce dernier obtient le privilège d’imprimer des ouvrages interdits en France comme les journaux complémentaires à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ou encore les romans et contes de Voltaire. Son affaire prospéra rapidement, soutenue par de nombreux souscripteurs dans toute l’Europe. Le musée ducal possède une section consacrée à cet imprimeur de l'époque des Lumières! 

Vous pouvez découvrir une randonnée de 22 kms à effectuer à pied ou en vtt et qui relie les deux villes, Bouillon sur la Semois et Sedan sur la Meuse. A ne pas manquer sur le site de www.visitardenne.com/all-access/fr/circuits/rando-les-2-chateaux/